Depuis que Toshiko apparaissait sur le tableau d’affichage, et surtout si bien classée, tout le monde cherchait à lui parler. Elle qui n’avait jamais attiré personne, intéressait désormais tout le monde. Tous les élèves voulaient savoir qui était cette fille qui jamais n’était apparue sur le tableau d’affichage avant, qui ne s’était jamais fait remarquer, et qui jamais n’avait retenu l’attention de quiconque. Ils voulaient tous savoir quel était son don, comment elle s’en servait, si elle comptait rejoindre l’UNIT, quand elle aurait fini ses études à l’Institut. Ca ne la ravissait pas plus que ça. Elle était contente qu’on la laisse tranquille, maintenant elle était presque poursuivie, elle était devenue... Populaire. La seule que cela réjouissait au final était Mary, qui s’amusait à faire les agents, à répondre aux questions des curieux. Toshiko était contente qu’elle s’occupe de ça pour elle, et elle au moins y prenait plaisir. Elle passait maintenant le plus clair de son temps à les fuir avec Ianto, celui-ci l’aidant à traverser l’Institut sans se faire voir en les rendant invisibles, et quand ils étaient séparés, elle le contactait par empathie. 

Ianto n’aimait pas cette situation. Oh bien sur il était très content pour son amie, elle avait une chance sérieuse d’entrer dans l’équipe de l’Unit, tout le monde ou presque rêvait d’y entrer, mais maintenant, en plus d’être dans la chambre de Jack Harkness, il était aussi le meilleur ami d’une des filles le plus en vu du classement. Il était obligé de se rendre invisible tout le temps, et cela l’épuisait à long terme. Et Gwen les énervait tous, elle s’agitait sans cesse, disant qu’elle avait un mauvais pressentiment, et clamait qu’à chaque fois qu’elle avait un mauvais pressentiment, quelque chose de grave se produisait. 

«Arrêt de t’agiter Gwen !» Avait lancé Rhys en souriant. «À force tu vas foutre le feu quelque part avec tes molécules folles !»

La jeune femme l’avait frappé gentiment et était repartie dans sa chambre. Ianto suivit le même chemin qu’elle et rentra lui même dans sa chambre. Jack n’était pas encore rentré. En dernière année, les élèves suivaient des cours le soir pour les préparer à de futurs études parmi les écoles normales, son colocataire rentrerait certainement dans la soirée. Ca lui donnait une heure avant qu’il revienne, assez pour qu’il se douche et mange tranquillement ce qu’il avait ramené de la cafétéria. Pourquoi tranquillement ? Parce que à chaque fois que Harkness était là, il s’amusait à l’asticoter, et entrait même dans la salle de bain pendant qu’il se lavait ! Et pire, il l’embrassait ! Dès qu’il relâchait son attention, Jack s’approchait et l’embrassait, l’intoxicant de son odeur attirante. À chaque fois, il se laissait faire, impuissant, paralysé par sa présence imposante, son charisme et son charme fou. Ses mains puissantes prenaient possession de sa nuque, se baladaient dans son dos, jusqu’à ce qu’il devienne invisible à cause du désir qui montait en lui. Jack finissait toujours par le lâcher, éclaté de rire. Une fois, il les avait fait disparaître tous les deux, Harkness n’avait d’ailleurs pas fini de l’embêter là dessus ! 

Maintenant il essayait de l’éviter, il laissait juste le café, sinon l’étudiant devenait fou et le poursuivait assidument. Souvent Ianto se demandait comment il ferait lorsqu’il quitterait Torchwood l’an prochain, il ne serait plus là pour lui faire le ‘café magique’ comme il l’appelait. Pourtant, il le trouvait sympathique, il était gentil, mais il était beaucoup trop... Tactile ! Il se doutait qu’il voulait coucher avec lui, Jack était connu pour sauter sur tout ce qui bouge, bien qu’il ne comprenne pas vraiment ce qu’il pouvait lui trouver, il n’était ni beau, ni doué en quelque chose en particulier, à part pour le café -et à part s’il voulait inclure la machine à café dans d’hypothétiques ébats sexuels, il ne voyait pas à quoi cela pouvait lui servir- il était ce qu’il y avait de plus banal. 

Oui, il voulait juste coucher avec lui, et c’est pour ça que s’il ne se laisserait qu’embrasser, il ne le laisserait pas le traîner jusque dans ses draps et ne partagerait jamais sa couche. Il était trop romantique pour cela. Mais intérieurement, il savait que si jamais Jack poussait plus loin ses caresses, qu’il réussissait à le bloquer quelque part, il n’était pas sûr de pouvoir en réchapper, il ne savait pas s’il aurait le courage et surtout l’envie de le repousser. Jack n’était pas un homme à qui on pouvait dire non aisément. Il était doué, très doué, Ianto le savait juste pour avoir expérimenté quelques baisers. Ceux de Harkness était délicieux, ses lèvres se mouvaient toujours avec une telle sensualité, elles le dévoraient à chaque fois. 

Ianto se secoua la tête et entra dans la salle de bain, se glissant sous la douche après avoir rapidement retiré ses vêtements. Quand il en sortit, Jack était là, une tasse de café à la main, avec une jeune femme à la peau couleur chocolat à l’air sympathique. Surement une de ses conquêtes féminines, mais contre toute attente, le jeune homme se leva et fit les présentations, ce qu’il ne faisait jamais quand il ramenait quelqu’un.

«Martha, Ianto, mon coloc’, Ianto, voici Martha Jones, ma meilleure amie.

- Oh... Bonsoir, enchanté.» Dit seulement le jeune homme, légèrement intimidé. 

- Salut ! C’est toi qui fait ce café ? Il est délicieux !

- Il n’y a pas que ça qui est délicieux...» Rajouta Harkness en lançant une oeillade appuyée en direction de Ianto.

Ianto dû se concentrer pour ne pas devenir invisible tellement il était gêné. Le regard de Martha venait de s’illuminer, et ses lèvres se tordirent en un petit sourire moqueur. 

«Alors vous deux, vous...

- Non !» Dit précipitamment Ianto. «On ne couche pas ensemble si c’est ce que tu veux savoir...

- Pourquoi tu le dis comme ça Ian’ ?» Fit Jack avec une moue triste. «On dirait que ça te rebute ! Pourtant il n’y a pas de quoi ! 

- Je ne veux pas coucher avec toi, au cas où ça t’avais échappé, Harkness.» Répondit-il presque froidement, mais avec un sourire. 

- Tu es dur !» Gémit le jeune homme, sous les rires de son ami. «Qu’est-ce que tu en dis Martha ? Il est méchant avec moi !

- Tu es un véritable gamin Jack ! Il a raison, tu ne dois pas penser que tout le monde t’est acquis ! Je suis heureuse de rencontrer quelqu’un qui te tiens tête et qui arrive en prime à te supporter !

- Oh je le fuis la plupart du temps.» Réagit Ianto en souriant à la jeune femme, s’asseyant à côté d’elle, ignorant presque l’autre homme qui grogna. «Je me rends invisible pour lui échapper.

- Han ! C’est pour ça que je ne te trouve jamais ici ?»

Ianto sourit de façon mystérieuse, tandis que Martha mourrait de rire.

«Vous êtes arrivés quand ? Je ne vous ai pas entendu entrer !

- À l’instant.» Bougonna Jack. «Si j’avais su j’aurai regardé dans la salle de bain...

- Tu es un horrible pervers Jack !» Le sermonna Martha. 

- Je dois bien en profiter un peu ! Il ne veut pas de moi !» Pleura-t-il. 

Au final, Martha parla plus à Ianto qu’à Jack, qui ignoré, alla rejoindre Hart dans sa chambre pour «une folle nuit de sexe !», avait-il clamé. Il rajouta dans sa barbe que son colocataire manquait vraiment quelque chose. 

Ianto eut la surprise de découvrir que Martha n’était pas comme le reste de son petit groupe, elle avait d’ailleurs un petit ami, qui lui n’avait pas de don, un garçon tout à fait normal. Tout comme Owen elle désirait apprendre la médecine, mais contrairement à son ami, désirait le faire au sein de l’UNIT, son don pourrait grandement servir, puisqu’elle avait une vision X, et voyait bien trop souvent des maladies grandir dans le corps des gens autour d’elle. Elle avait très tôt appris à contrôler son don, pour pouvoir ne pas avoir à le subir ce qu’elle voyait. Puis ils discutèrent de ses relations avec Jack, comment celui-ci le poursuivait assidûment.

«Je suis impressionnée ! Très peu de personnes résistent à Jack, en faite je ne connais qu’à toi ! Même les garçons hétéro lui succombent d’habitude !

- Je ne dis pas qu’il ne me fait pas... D’effet, c’est juste que je ne veux pas que mes premières expériences sexuelles aient lieu avec quelqu’un qui veut juste me mettre sur son tableau de chasse. Je ne vaux pas grand chose, mais je sais que je vaux mieux que ça.

- Bien dit ! La prochaine fois répète lui en face, en ma présence bien sur, je ne veux rater ça pour rien au monde !» Pouffa Martha. «Mais... Tu es vierge ?»

Ianto rougit brusquement, devenant invisible. La jeune femme rit à gorge déployer, tandis qu’il réapparaissait, murmurant un petit ‘oui’ gêné.

«C’est une aberration ! Tu es mignon comme tout ! 

- Je... Je suis vraiment très timide, et même, je ne veux pas avoir quelqu’un parce qu’il faut qu’on est quelqu’un, je cherche une relation durable.

- Tu es vraiment adorable ! C’est Jack qui ne sait pas ce qu’il perd ! Il devrait lui aussi se trouver quelqu’un de stable ! Dommage qu’il est les hormones en feu sans cesse...

- Ca, je l’avais remarqué !» Sourit-il. «Est-ce que c’est vrai qu’il saute sur toutes les personnes qu’il trouve à son goût ?

- Absolument !» Répondit Martha du tac au tac, sans la moindre hésitation.

Ianto se mit à rire en voyant combien sa nouvelle amie était sérieuse. Elle lui raconta comment il l’avait dragué le tout premier jour, mais elle s’en était amusée, et finalement ils étaient devenus amis.

«Tu es ici depuis combien de temps ?» L’interrogea-t-il.

- Depuis mes 14 ans ! Pourquoi ?

- Jack a bien le même âge que toi, non ?» La jeune femme répondit à l’affirmative par un mouvement de tête. «Il était vraiment précoce !

- Ce n’est pas nouveau pour lui ! Je crois qu’il a couché la première fois à 13 ans !»

- Non ?!» S’étonna Ianto. «Si tôt ?»

Ils continuèrent de parler sur le dos de Jack, se moquant de lui gentiment, quand soudain un bruit sourd se fit entendre, suivit d’une légère secousse. Ils attendirent quelques secondes, puis reprirent leur conversation. C’était assez souvent que des personnes faisaient exploser des objets (ou se faisait exploser, tout dépendant du don), mais là, une seconde secousse se fit sentir, le même bruit en fond, ça par contre, c’était anormal.

«Qu’est-ce qu’il se passe ?!» S’alarma Martha en se levant précipitamment. 

- Il y a peut être un entraînement ?» Tenta de rationaliser le jeune homme, se levant lui aussi. «Allons voir ce qu’il se passe...»

Ils ouvrirent la porte et à nouveau le bruit sourd se fit entendre, plus proche, et la secousse qui suivit fut plus violente. Le jeune homme se rattrapa à l’encadrement de la porte alors qu’il trébuchait à cause du tremblement de terre. Un cri se fit entendre, puis d’autres. Le rythme du coeur de Ianto se fit plus rapide, et la peur s’installa en une boule dans son ventre. Sans pouvoir s’en empêcher, il s’accrocha à Martha qui le soutint. Plusieurs minutes passèrent ainsi, où les étudiants se regardaient sans savoir quoi faire, le bruit sourd reprenant de plus belle tel un cri déchirant la nuit. 

Ce fut une Gwen paniquée qui apparu devant eux. Elle avait couru depuis sa chambre sûrement, qui se trouvait du côté des secousses. Avant même qu’elle n’est pu dire un mot, Ianto l’aborda.

«Qu’est-ce qu’il se passe là bas Gwen ?!

- On est attaqué ! Ne me demande pas par quoi, j’en ai aucune idée ! J’ai déjà prévenu les autres, tous les élèves doivent aller vers le gymnase, je t’y rejoins, je dois encore aller prévenir l’autre aile où se trouve Owen et Rhys !»

Ianto regarda Martha, le coeur battant à mille à l’heure avant de la prendre par le bras et de courir vers le gymnase, obéissant à son amie. Plus ils approchaient, plus les élèves se faisaient nombreux et pressants. C’était vraiment du sérieux, et jamais auparavant ils n’avaient été attaqués par qui que ce soit ! C’était sans précédent.

«Ianto, tu penses que Jack et John seront au gymnase ?»

Quand il avait entendu les mots de Gwen, il n’avait plus pensé qu’à une chose, fuir. Il n’avait plus pensé à Jack, ni à Hart, avec qui il devait être entrain de lapiner. Il se sentit paniquer à la pensée qu’ils pouvaient être encore derrière.

«...On aurait déjà dû les croiser.» Fit soudain Ianto, inquiet. 

À la dernière minute, ils décidèrent de retourner sur leur pas, pour aller à la chambre de John. Une nouvelle secousse secoua les couloirs, déstabilisant les deux étudiants, alors que des fissures se formaient sur les murs. Un nouveau bruit sourd. Ianto se mit les mains sur les oreilles tellement c’était fort. Il tourna la tête vers Martha, elle faisait de même, s’appuyant contre le mur qui n’était pas fissuré. Une déchirure sembla se faire dans le toit, comme si celui-ci se détachait. Martha poussa un cri de terreur. Ianto ouvrit la première porte qui venait et poussa la jeune femme dedans, referma la porte à la volée et se glissa avec elle sous le bureau du professeur. Il lui fit signe de se taire, et prit sa main. La seconde d’après, ils étaient invisibles. Des débris s’écrasèrent à côté d’eux, sur le bureau, ce dernier les protégeants. 

Ils attendirent que le bruit s’éloigne, et au bout de quelques instants qui leur parurent d’une longueur infini, ils sortirent de leur abri de fortune. La salle était un vrai champ de bataille, et le toit était à moitié éventré, ils pouvaient même voir le ciel et ses étoiles. Ils ouvrirent la porte de la salle pour déboucher sur le couloir, lui même ouvrant entièrement sur le parc. Le mur n’était plus que gravas, et les colonnes qui soutenaient le toit arraché étaient éparpillées en bloc sur le sol en pierre marbré, lui même laissant voir des traces d’orbites. 

«Oh mon dieu...» Murmura Martha, tellement choquée qu’elle en avait oublié de respirer pendant un instant. «Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?»

Ils se collèrent à un pan du mur qui tenait toujours debout, se soutenant difficilement, leurs jambes tremblantes de terreur. Ils restèrent amorphes encore quelques minutes, le temps de récupérer et d’assimiler ce qui venait tout juste de leur arriver.

«Viens, il faut retrouver les autres !» Fit Ianto, prenant l’initiative, les rendant invisibles à nouveau et la traînant à travers les couloirs éventrés. «Allons au gymnase !»

Le bruit s’était arrêté, d’ailleurs il n’y avait plus un seul bruit. On entendait seulement le vent qui soufflait, le froid glacial de la nuit qui s’infiltrait dans leurs vêtements légers. Ils marchèrent pendant quelques minutes sans entendre un son, sauf celui de leur pas, eux mêmes faisant attention à faire le moins de bruit possible, au cas où ceux qui les avait attaquer soient toujours là. Ianto réfléchissait à toute vitesse. Qui avait bien pu faire ça ? Les gouvernements ? Non, c’était eux mêmes qui subventionnaient Torchwood. Des ennemis de l’Institut ? D’accord, mais qui ? Des anciens étudiants qui avaient mal tourné ? Pourquoi détruire cet endroit qui abritait tant des leurs ? Une question qui pour le moment restait sans réponse. Il tourna la tête vers Martha et vit la même interrogation sur son visage. Elle non plus ne savait pas. 

Ils s’arrêtèrent à une dizaine de mettre du gymnase, se cachant contre un pan du mur, puis ils fit réapparaître.

«Tu peux sonder le gymnase pour voir si il y a des gens dedans ?» 

Martha obtempéra et utilisa sa vision X et observa le gymnase, devenant livide. Ianto remarqua son changement.

«Alors ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

- Il... Il y a au moins 300 personnes là dedans, je vois des camions... Je ne sais pas qui c’est, mais ils sont entrain d’emmener les élèves là dedans !

- Ca se trouve ils viennent nous rapatrier vers les villes alentours ?

- Ils sont attachés Ianto... Ils ont tous les mains rassemblées dans leur dos, ils sont prisonniers...»

Ianto sentit son coeur s’arrêter de battre. Ses amis étaient dedans. Gwen, Toshiko, Rhys et Owen. Hypothétiquement Jack et ce Hart.

«Il faut aller les aider.» Décida le jeune homme, sentant une nouvelle force en lui.

- Tu es fou ? Ils vont nous voir ! 

- Je m’y rendrai invisible !

- On va faire trop de bruit ! Imagine qu’on se fasse prendre ?!

- J’y vais, toi tu restes ici, d’accord ? Dis moi juste si tu vois une entrée qui ne nécessite pas qu’on ouvre de porte ?»

Martha lui indiqua une trouée du côté extérieur, vers laquelle Ianto s’empressa d’aller, se rendant invisible. Il courut dehors, passant par dessus les débris et se glissa dans le gymnase. Ici aussi le toit était en miette, et l’un des murs extérieurs complètement détruit, débouchant sur plus d’une quinzaine de camions blindés. Il se mit dans un coin dans l’ombre d’un mur brisé et observa. La plate forme du gymnase était intacte, et dessus était dressé une petite dizaine de personne, toutes habillées d’un uniforme verts et rouges, de longues bottes noirs montantes à leurs pieds. 

L’UNIT.

À suivre